Le Fou aux Allumettes
Soudain envahi d’un souffle nouveau, d’un regain impérieux
Comme un réveil à la vie après un long engourdissement,
L’homme hiberné depuis trop de temps, assommé par la vie
Ressent enfin le désir de retrouver son diamant dépéri
Assez de quêtes vaines et de luttes déraisonnées inutiles
Cette fois, il trouvera… il trouvera l’objet de ses désirs malhabiles…
Transi par le froid, les mains recroquevillées
Pour enfin faire jaillir d’entre ses doigts, le feu sacré
Il craque la première allumette…
Mais celle-ci, insensible à ses appels d’entêté
Refuse de s’allumer, refuse de lui donner un peu de sa clarté
Il prend une deuxième allumette…
Chaque poignée de secondes qui précède le frottement
De l’allumette sur la toile rugueuse qui attend,
Est un océan infini, que traversent mille souffles d’espoir
L’instant est grave, l’homme tente sa chance au grattoir…
Combien d’allumettes déjà craquées ?
Combien reste-t-il encore de possibilités ?
Il ne reste plus que quelques allumettes dans la petite boîte jaunie
Il ne reste plus que quelques chances de se voir gagner la partie…
Pourtant on continue tous à craquer nos allumettes
On y croit tous à cette flamme qui nous rallumerait la vie en fête
Soudain, la voilà, brillante, dansante devant ses yeux…
La flamme enfin a embrasé le soufre coloré
Que n’aura-t-il fallu attendre et espérer pour la contempler
Cette flamme qu’on n’osait plus rêver …
Et maintenant ? Que faut-il faire de cette étincelle ?
La garder le plus longtemps possible, et s’en émerveiller
Jusqu’à son sursaut ultime, et avec elle, briller…
La course du feu sera brève, le temps s’accélère…
Bientôt la flamme va disparaître s’il ne fait rien …
Il faut prendre une décision, vitre, très vite, tout de suite
Dans un dernier sursaut d’envie, l’homme souffle sur le feu en fuite
Stoppée nette dans sa course, la flamme s’éteint…
C’était la seule allumette non encore rongée par l’humidité
On ne sait jamais…. Mieux vaut la garder …
... LW...