Mémoire...
La mémoire est perfide, elle nous fige dans des images mal taillées
Qui nous renvoient nos mines d’antan sans mise à jour de nos humeurs...
Elle grossit à vue d’années, sans prendre le temps de trier ses acquis,
Elle nous submerge de son trop plein, dans ses chemins elle nous engloutit
Si l’on n’y prend garde, elle nous ferait même oublier l’heure
Qui continue, jour après jour de tourner…
Quelles sont ces plaintes au souvenir, pourquoi ces amertumes ?
La mémoire c’est notre histoire rien qu’à nous, c’est notre identité...
Est-elle un miroir déformant, ou bien n’est-elle que témoin de nos fantasmes
Qu’on assimile à des souvenirs quand la vérité nous dépasse ?
Même quand on veut garder des images qui ne sont qu’inventées
Même quand on n’essaie qu’à contre cœur d’oublier nos mauvaises fortunes ?
Facile d’accuser la mémoire, de se dégager ainsi de nos mensonges,
De se dire que ce sont les circuits biologiques qui ont un problème...
Alors qu’on sait au fond de nous, que nous en sommes les artisans
Facile de n’entretenir que les fleurs souriantes dans nos jardins d’antan
Facile de s’approprier des rêves comme traces de nos emblèmes
Mais la mémoire n’est pas impartiale, elle absorbe tout comme une éponge
On se croit spectateur parfois de films qu’on s’est inventé
On se sent mauvais critique des rôles qu’on a dû un jour … abandonner